LES COULISSES DE LA CONFECTION ANJELO
LES CHEMISES
L’atelier Confection du Boischaut Nord
C’est un des rares chemisiers en France. Son expertise est particulièrement appréciée par les créateurs de la haute couture. L’entreprise se situe dans la zone artisanale du village d’Ecueillé, dans l’Indre. Nous sommes reçus par Richard BOIREAU, le dirigeant de l’atelier. Il nous fait visiter la grande salle de production qui abrite les machines à coudre et les réserves de fils. C’est ici qu’on découpe, thermocolle, assemble, contrôle, repasse, conditionne. Chaque poste est très bien éclairé, propre et rangé. Les chemises ANJELO sont confectionnées dans ce temple du savoir-faire français.
« L’atelier CBN, c’est un peu mon bébé. Nous nous sommes agrandis il y a 4 ans maintenant. Les locaux sont beaux et spacieux. Nous sommes 49 à travailler ici : de la couturière au chef d’expédition en passant par la modéliste ou le chef de coupe, tout le monde porte une grande attention à chaque étape de fabrication de nos chemises. C’est un réel plaisir pour moi le matin de retrouver ces personnes qui donnent le meilleur d’elles-mêmes.
Nous sommes les seuls en France
Voire en Europe, à être capables de fabriquer tous les jours des chemises comportant plusieurs centaines de pièces. Nous sommes spécialisés dans le luxe : plus de 90% de nos clients sont des créateurs. Certaines pièces uniques sont des objets d’art. Par exemple, une chemise patchwork d’un créateur japonais compte 400 pièces coupées dans des matières différentes comme le cuir, le tricot et la popeline. Parfois, nos produits sont vendus aux enchères avec d’anciennes collections de maisons haut couture renommées.
Nous fabriquons également des chemises pour le prêt-à-porter haut de gamme. Comment une chemise ANJELO est-elle confectionnée ? Un premier travail est réalisé dans le bureau d’étude pour mettre au point le patronage, à partir de dessins ou bien de produits finis que nous modifions selon les souhaits de Jean-Pierre COMTE. Une fois que le prototype est construit et validé, nous effectuons la gradation. La programmation numérique permet d’obtenir les tailles demandées, S, M, L, XL etc.
La production de la commande peut être lancée. Une chemise réclamera plus d’une heure de travail. Le tissu est d’abord coupé. Les pièces de col et de poignets sont entoilées pour plus de tenue. La fabrication se déroule ensuite sur une chaîne de 22 postes spécialisés dans l’assemblage d’une partie spécifique de la chemise. La dernière étape est la finition, c’est-à-dire la mise en place des boutonnières et des boutons.
Lorsque la commande est terminée, chaque chemise est contrôlée une à une. Nous vérifions que tous les fils soient bien coupés, qu’il n’y ait pas de taches, bref, que le produit soit parfait !
Les personnes qui viennent visiter l’atelier sont souvent très surprises par le nombre d’étapes nécessaires à la confection d’une chemise classique. À vrai dire, nous sommes très peu automatisés car comme je l’ai dit, la plupart de nos clients sont des créateurs. Certains veulent par exemple une poche de 3.8 cm, d’autres de 4.2 cm. Nous nous adaptons sans cesse.
Diriger l’atelier CBN
C’est énormément de responsabilités. On sait qu’être chef d’entreprise, c’est faire beaucoup de concessions, organiser sa vie personnelle sur sa vie professionnelle. Mais c’est avant tout une passion, un héritage familial. Bébé, j’ai été bercé par le ronron des machines dans l’atelier que géraient mes parents. Dès que j’ai su marcher, j’allais faire mon petit tour, je riais bien avec les employées. Qu’est-ce que j’étais content !
Aujourd’hui, je perpétue cet état d’esprit en travaillant énormément sur le bien-être de mon personnel. Nous avons ainsi concentré le temps de travail sur 4 jours. Le comité de la bonne humeur n’oublie pas un seul anniversaire. Une crêpe pour la Chandeleur, une bouteille pour le Beaujolais nouveau, autant de petites attentions qui contribuent à rendre l’atmosphère conviviale.
Transmettre à mon tour est devenu une priorité. Transmettre l’entreprise, bien sûr, mais aussi des valeurs et une vision du produit.
Il y a 20 ans, nous avons opté pour le luxe, les produits complexes à réaliser. Notre expertise est solide dans ce domaine, elle doit continuer de s’exprimer ainsi dans les années qui viennent. La pérennisation de nos savoir-faire est une mission que nous accomplissons tous les jours. Nous avons été l’une des premières entreprises à créer notre propre école de formation il y a 7 ans. Nous avons fait évoluer une modéliste-prototypiste : elle a passé son Certificat de Qualification Professionnelle afin de prendre en charge la pédagogie et d’enseigner le piquage. Nous avons également commencé une sauvegarde de nos savoir-faire grâce à la vidéo. De cette manière, les nouveaux qui arrivent apprennent rapidement la bonne gestuelle. Il n’en reste pas moins que le recrutement est aujourd’hui un vrai défi. »